Il y existe au Québec plusieurs dizaines de milliers de canots disséminés sur le territoire. Certains utilisés chaque été, d’autres recouverts de poussière, mais pour une énorme majorité, ils sont en fibre de verre et servent en eau calme. Pourtant, la visite de certaines boutiques de plein-air pourrait laisser croire que le canot d’eau calme a disparu tant les embarcations d’eau-vive occupent le plancher
C’est qu’au cours des 10 dernières années, l’industrie s’est résolument tournée vers le canotage d’eau vive où on assiste à une segmentation des activités. Aux canots de lac et aux canots dits “polyvalents”, se sont ajoutées des “machines d’eau vive” : courtes, légères et nerveuses. Les adeptes d’eau vive se retrouvent régulièrement sur des sections de rivières longtemps perçues comme réservées aux kayakistes. Le bagage étant remplacé par des ballons de flottaison, l’activité se fait à la journée avec le retour le soir au camp fixe… ou à la maison.
Plusieurs éléments ont provoqué cette mutation, dont :
La demande pour des activités “intenses” à faire à la journée pour décompresser du stress quotidien,
L’éclatement des familles qui favorise la pratique du solo,
L’arrivée de matériaux très résistants aux chocs comme l’ABS et le polyéthylène,
L’intérêt de l’industrie à développer des modèles et des accessoires que la clientèle renouvelle fréquemment, contrairement au canot de lac ou de rivière (canot-camping).
S’il existe d’excellents canots pour chaque usage, il n’existe aucun canot qui soit excellent pour tous les usages.
Pour choisir le modèle qui vous satisfera le plus, posez-vous les questions suivantes :
Quelles activités m’intéressent en canot ? (eau calme, canot-camping, eau vive, rodéo, chasse et pêche etc.)
Dans quel environnement ? (lac, rivière, torrents, rapide-école, canyon)
Quelle durée auront mes sorties ? (une journée, une fin de semaine, une semaine et plus)
Qui m’accompagnera dans mes sorties ? (d’autres pagayeurs, un partenaire de duo, ma famille)
Il est probable que vous aimeriez regrouper plusieurs de ces choix. Essayez alors de donner un pourcentage à chaque option afin de faire ressortir ce qui est le plus important pour vous.
Il est probable que vous aimeriez regrouper plusieurs de ces choix. Essayez alors de donner un pourcentage à chaque option afin de faire ressortir ce qui est le plus important pour vous. Si vos choix d’activités et de destinations impliquent de fréquents et longs portages, le poids deviendra un élément supplémentaire à considérer. Pour une même longueur, on trouve sur le marché des canots de 20 kg (44 lb) et d’autres qui dépassent les 40 kg (88 lb) ! Bien sûr, chaque kilo gagné augmentera le prix de votre embarcation, mais c’est une question de priorité.
Enfin, donnez-vous une fourchette de prix, ce qui vous évitera de perdre la tête une fois en magasin et facilitera votre choix.
Avec ou sans quille ?
Les quilles sont des renforts qui peuvent être présents sur la coque de certains canots de lac, qu’ils soient à fond plat ou non. Il peut y en avoir une ou trois. On les retrouve uniquement sur les modèles de lac. Initialement, la quille était utilisée sur les canots de cèdre entoilé, pour protéger la toile des roches et d’une usure prématurée.
Une croyance populaire veut que la présence d’une quille augmente la stabilité du canot. C’est absolument faux. Essayez de vous tenir debout sur une bille de bois de la taille d’un canot, c’est très instable. Clouez-y une ou plusieurs quilles… vous verrez que rien n’a changé !
Les quilles sont des renforts. Elles permettent de fabriquer des canots à fond plat très stables offrant néanmoins une bonne rigidité. La stabilité vient d’abord de la forme du fond et non des quilles.
On prête aussi à la quille le pouvoir de diminuer la dérive due au vent. La comparaison de la surface de canot exposée au vent (franc-bord) et de celle de la quille, vous convaincra rapidement qu’il vaut mieux ne pas trop compter là-dessus pour éviter de dériver.
La quille a aussi un effet d’un gouvernail fixe qui favorise la progression en ligne droite, mais rend les virages plus ardus. L’effet de gouvernail est très apprécié des pratiquants occasionnels.
En eau-vive, l’utilisation d’un canot à quille est généralement déconseillée car elle augmente le tirant d’eau du canot (distance entre la surface de l’eau et le point le plus profond d’une embarcation). La quille sera donc plus exposée aux obstacles (roche ou fond de la rivière) et recevra la majorité des coups. Le canot devra être réparé plus souvent. De plus, elle augmentera grandement la difficulté des virages.
Dimensions et formes
Les matériaux utilisés déterminent le poids, la durabilité, la résistance, l’esthétique et le coût de votre embarcation. Et tel que vu dans nos premiers articles en ligne, S’équiper d’une bonne embarcation, partie 1 et partie 2, les formes ainsi que la répartition des charges conditionnent sa vitesse, sa stabilité, sa manœuvrabilité et sa capacité de charge.
Votre choix d’embarcation devra en tenir compte.
La longueur
En règle générale, plus un canot est long, plus il devrait avoir tendance à garder une trajectoire rectiligne. Plus il est court, plus il est facile à faire pivoter. Les modèles solos d’eau calme font autour de 4,5 m (15 pi), les duos autour de 4,9 m (16 pi) ce qui leur assure une excellente glisse.
En utilisation mixte, (lac et rivière) les canots duo les plus polyvalents mesurent environ 4,9 m (16 pi). C’est aussi dans cette longueur qu’on trouve le plus grand choix. Ils peuvent recevoir deux adultes avec leur bagage pour plusieurs jours lors d’excursion en canot-camping mais peuvent aussi convenir pour des excursions en solo, avec ou sans bagages.
Pour la longue expédition en duo, on favorise une longueur de 5,2 à 5,5 m (17 ou 18 pi) permettant d’emporter le bagage nécessaire sans compromettre le comportement de l’embarcation.
Pour les amateurs d’eau vive pagayant à la journée et recherchant la performance, les embarcations plus courtes sont nettement favorisées. Les modèles duos de 4,3 m à 4,7 m (14 pi à 15 pi 6 po) sont en nombre croissant. Les solos atteignent parfois moins de 3 m (9 pi 9po), la moyenne se situant autour de 3,5 m (11 pi 6 po).
La largeur
Pour une même longueur, un canot étroit est rapide car il glisse mieux sur l’eau. De plus, étant plus étroit, il permet au canoteur de pagayer plus près du centre du canot, ce qui a pour effet de diminuer l’énergie nécessaire à la correction de la direction du canot et en laisse plus pour faire avancer le canot. Par contre, un canot plus large a une meilleure capacité de charge tout en étant plus stable, mais il est plus lent.
Un canot solo d’eau calme peut faire aussi peu que 66 cm (26 po). Pour un canot mixte, (lac et rivière) de 4,9 m (16 pi) la largeur maximale du canot varie entre 86 et 94 cm (34 à 37 po). Les duos d’eau vive plus courts ont une largeur de 74 à 81 cm (29 à 32 po). Les solos d’eau vive sont encore plus étroits : 68 à 79 cm (27 à 31 po). Cela facilite les manœuvres en débordé, mais la stabilité s’en ressent.
La profondeur
La profondeur à choisir dépend beaucoup de l’utilisation du canot. Elle est mesurée aux pointes et au milieu. La pointe avant est parfois plus haute que la pointe arrière pour mieux recevoir les vagues.
Une embarcation conçue pour la vitesse pure est très basse sur l’eau pour en diminuer la masse et l’emprise du vent. On doit alors y allonger considérablement les pontets pour éviter que les vagues ne le remplissent.
Inversement, un canot d’expédition en eau vive sera plus profond pour assurer une bonne tenue en rapide même à plein chargement, et éviter de trop se remplir dans les vagues.
Voici des exemples possibles de profondeur avant, milieu et arrière, en fonction des utilisations principales :
Solo eau calme : 45 cm, 30 cm, 41 cm, (18 po, 12 po, 16 po)
Duo eau calme : 48 cm, 33 cm 48 cm (19 po, 13 po, 19 po)
Duo mixte : 56 cm, 38 cm, 56 cm (22 po, 15 po, 22 po)
Solo ou duo eau vive : 56 cm, 41 cm, 56 cm (22 po, 16 po, 22 po)
Les fabricants jouent également sur la forme des côtés ou francs-bords.
Les formes
Au milieu du canot, le franc-bord peut être “frégaté” (arrondi vers l’intérieur). Les solistes se trouvant généralement près du milieu du canot peuvent apprécier grandement un canot frégaté. En effet, cette forme de canot permet de pagayer plus proche du centre du canot (ou de la ligne de quille) lorsque le canot est gîté; ce qui a pour effet de diminuer les coups de correction lorsqu’on se déplace en ligne droite. Le fait de gîter son canot et de pagayer plus proche de son centre a pour effet de :
- augmenter la stabilité secondaire du canot ;
- diminuer d’effort nécessaire pour avancer en ligne droite ;
- augmenter la facilité et l’efficacité des coups de pagaie.
Aux pointes, les côtés peuvent s’évaser vers l’extérieur, ce qui a pour effet :
- d’aider le canot à monter sur les vagues au lieu de les fendre, le gardant ainsi beaucoup plus sec,
- d’augmenter la flottabilité générale du canot car un plus grand volume d’eau doit être déplacé avant de l’immerger, ce qui augmente sa capacité de charge selon le principe d’Archimède.
Par contre, un canot aux pointes évasées sera plus lent qu’un canot semblable mais aux pointes étroites.
Un changement de giron, même d’aussi peu qu’un centimètre, peut changer complètement le comportement d’un canot. Plus le giron sera fort plus il sera facile de changer la direction du canot, mais plus il sera difficile de maintenir une direction rectiligne. Il importe donc de trouver celui qui vous convient.
Souvent symétrique (avant et arrière), il est parfois plus marqué à l’avant sur les embarcations mixtes, favorisant les changements de direction. Les canots d’eau-vive, créés pour jouer dans les vagues, ont un giron symétrique ou non, mais toujours très marqué.
Sur les canots d’eau calme, il varie de 0 à 4 cm (0 à 1 ½ po). Pour une utilisation mixte, un giron de 5 à 10 cm (2 à 4 po) est suffisant. En eau-vive, il varie de 10 à 15 cm (4 à 6 po), ce qui est assez impressionnant sur un canot solo.