Par Stéphanie Beauregard
6/7
5 canots duos – 16 jours – 275 kilomètres – 27 portages – deux tronçons de rivière remontés – plusieurs lacs – deux rivières descendues.
Nous débutons la descente de la rivière Dumoine! C’est tout un accomplissement pour le groupe. Le trajet inclut la traversée de deux grands lacs, le lac Dumoine et le lac Benoît, mais nous descendons dans le bassin versant. Au jour 12, nous passons la section des chutes de la rivière Dumoine : quatre portages en avant-midi et le tout débute sous la pluie! Les sentiers sont étroits, rocheux, avec beaucoup de racines et très glissants étant mouillés. Les portages sont relativement courts, mais intenses physiquement. Nous mangeons sur de beaux rochers, avec une accalmie dans cette journée pluvieuse. Le groupe avale une quantité incroyable de salade de pâtes au thon.
Nous atteignons le point de mise à l’eau de l’expédition de l’an dernier et notre premier « vrai » rapide depuis un bon moment. Je pagaie à l’arrière. Nous communiquons mal. Nous nous accotons comme il faut sur une roche en position de cravate. Les barils sont bien attachés dans le canot, il est accoté au niveau du joug de portage, et nos amis interviennent rapidement. Avec tous ces facteurs, nous nous en sortons avec une belle frousse et aucune égratignure, autant pour nous que pour le canot. Comme quoi, deux pagayeurs expérimentés peuvent aussi vivre des émotions fortes! Respectons l’eau et soyons toujours conscients des risques.
Stéphane et moi revenons sur la situation ensemble. Nous établissons une stratégie de communication et cela fera toute la différence pour les prochaines journées. Nous naviguerons en confiance et en harmonie pour les prochaines sections de rapides.
Nous en sommes à un point de l’expédition où j’ai pu discuter avec chaque membre du groupe, individuellement. Je trouve cela important d’établir ce lien, de partager des moments et de créer cet espace avec chaque personne parce que le groupe est d’abord composé d’individus qui ont leur propre histoire et leur propre expérience.
Au jour 13, nous terminons tôt sur le lac Benoît. Les plus grosses journées sont derrière nous. Comme les campings sont abondants, nous avons des options pour s’arrêter pour la nuit et nous avons planifié du temps pour savourer les rapides de ce magnifique tronçon de rivière. Nous avons pris le temps d’aller voir une belle cascade en forêt. J’apprécie l’énergie du groupe et son intérêt pour les attraits culturels et naturels. Je suis toujours aussi curieuse. C’est d’ailleurs un endroit magnifique!
Je reprends la position arrière au jour 14, sous la pluie. Je sens que je m’améliore. Je profite plus des rapides. Je me sens plus forte et de plus en plus habile. C’est l’fun! Nous sommes en terrain connu, mais pour moi, c’est une toute autre perspective sur la descente. Stéphane me donne confiance et m’encourage quand j’aurais peut-être laissé ma place pour un R3. C’est enivrant! Quelle belle section de rapides.
Avec l’expérience du groupe, nous descendons tous les rapides à vue. Nous profitons des arrêts contre-courant pour arrêter souvent et analyser la section à venir. Cette technique de descente en contrôle, nous permet d’avoir la vue « réelle » du rapide, au niveau des canoteurs (à recommander aux canoteurs plus expérimentés seulement). La descente de rapides génère une toute autre énergie. Les membres plus expérimentés sont excités et nourris par l’adrénaline que la descente procure. Les autres sont parfois plus nerveux, selon la grosseur des rapides. Ça leur demande plus d’énergie.
La chute que nous avons vu aujourd’hui était encore plus haute! J’y aurais bien passé la journée à y faire des photos, à me baigner et à jouer dans les cascades. C’est toutefois l’impératif de l’expédition de poursuivre la descente. Bien contente de l’avoir vue!
Nous commençons à voir d’autres canoteurs. Un groupe de trois canots nous croise depuis deux jours. Un camp de vacances avec six canots chevauche aussi nos journées. Même si nous avions vu des chalets et autres signes de vie, nous n’avions pas croisé beaucoup de gens jusqu’à maintenant. Les campings sont toutefois suffisamment nombreux pour que nous respections l’itinéraire de chacun. Notre groupe est le plus rapide à naviguer mais aussi celui qui fait les plus courtes journées à cette étape-ci de l’expédition. Nous ne perdons pas l’habitude d’être sur l’eau de bonne heure.