Expédition sur les rivières Kipawa et Dumoine

Par Stéphanie Beauregard

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5 canots duos – 16 jours – 275 kilomètres – 27 portages – deux tronçons de rivière remontés – plusieurs lacs – deux rivières descendues. 

C’est notre première expédition de deux semaines  ! 16 jours à canoter et à se déplacer, comme des nomades. Je pense que la vie en déplacement constant m’attire. J’aime les départs, j’aime rouler et je suis certaine que j’aimerais naviguer. Pour moi, ça veut dire aller toujours plus loin, découvrir de nouveaux lieux et être émerveillée par tous les recoins de notre belle planète.

L’idée a germé l’été dernier, sur la rivière Dumoine (qui fait encore partie de notre périple) lors d’une discussion avec un membre du groupe. Il a fait ce parcours il y a plus ou moins vingt ans de cela. Nous retraçons un bouquin, commandons les cartes topographiques et commençons à rêver. Deux membres du groupe se penchent ensuite sur le tracé exact, l’identification des campings et des points de sorties d’urgence. Il y a étonnamment plusieurs ZEC et pourvoiries dans ce coin qui nous semble, de prime à bord, perdu au bout du monde. Ce l’est pour nous, mais pas pour d’autres!

À quelques semaines du départ, nous devons préparer les repas. C’est mon domaine! Nous faisons de repas de groupe, ce qui veut dire, moins de repas à préparer, mais des repas pour 10 personnes. Ce n’est pas évident de calculer les quantités, même si j’ai plusieurs années de pratique. Comme nous serons limités dans l’espace de stockage, je ne peux pas me permettre de tout calculer en surplus cette fois.

Nos « petites affaires » tiennent dans trois barils de 60 litres pour 16 jours de voyage. Un baril pour nos vêtements, matelas de sol et sacs de couchage. C’est un espace qui reste absolument au sec. Un deuxième pour la tente et l’équipement tels qu’ustensiles, assiettes, poêlon, réchaud d’urgence. Nous cuisinons tout sur le feu. Le dernier, le plus lourd au départ et le plus léger à la fin, est réservé à la nourriture. La majorité des repas sont déshydratés. Notre bagage est complété par un sac à dos de matériel commun au groupe incluant deux toiles-abris, essentielles en cas de pluie, deux gros chaudrons pour cuire sur le feu ainsi que la grille pour les accueillir.

La composition du groupe est un autre aspect de la préparation. Le tout s’est fait de manière assez organique, et ça a pris presque 4 mois avant d’avoir la confirmation des 8 autres personnes qui formeront, avec nous, les 5 canots de l’expédition. Nous connaissons tous les participant.e.s, certains plus que d’autres, mais ils.elles ne se connaissent pas tous. Finalement, la chimie sera au rendez-vous.

Notre trajet fait une grande boucle et la navette de 2h30 sur route asphaltée est incroyablement courte pour une si longue expédition. Je mets enfin le gros orteil dans l’eau du lac Kipawa, au village du même nom, dans le Témiscamingue. Ça sent bon le grand lac plein d’eau. J’ai à la fois le sentiment d’y être arrivée et celui d’être sur la ligne de départ.

C’est la première fois que je canote sur un lac aussi immense. J’ai le sentiment d’être infiniment petite dans ce paysage grandiose. Les huards plongeurs sont nombreux et un sort me saluer juste à côté de notre canot. Magnifique! (le mot que je dirai le plus souvent au cours des deux prochaines semaines).

Au milieu de nulle part, sur cette vaste étendue, je saute à l’eau! Quel sentiment de liberté. Nous y sommes arrivés, enfin.

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