Par Stéphanie Beauregard
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5 canots duos – 16 jours – 275 kilomètres – 27 portages – deux tronçons de rivière remontés – plusieurs lacs – deux rivières descendues.
Nous passons d’un lac à un autre. Ils sont parfois connectés par des canaux étroits alors que dans d’autres cas, nous devons portager. Les premiers portages sont les plus éreintants puisque nos barils de nourriture sont très lourds et que nous ne sommes pas rodés. Au deuxième jour, le groupe a toutefois déjà trouvé son modus operandi et ça roule bien! Toutes les équipes font leurs portages en deux fois avec les bagages et le canot sur les épaules.
Il y a des vestiges étonnants dans les portages. Comme si un minerai quelconque avait été transporté sur des rails d’un lac à l’autre. Les rails sont encore visibles sous la végétation. Des bacs rouillés auraient pu servir pour le transport. Il y a aussi des « rails » en bois qui ont pu servir à la mise à l’eau. Ils font partis du paysage et de l’histoire du lieu.
Quelques personnes nous saluent, intriguées. D’autres passent à vive allure sur leurs engins motorisés. C’est marquant dans les étranglements qui sont un passage obligé, mais les lacs sont grands et ils passent surtout au loin. La diversité est partout, même dans la manière de profiter des grands espaces de notre beau pays. Je me sens plutôt nomade et exploratrice dans l’âme. Nous terminons la deuxième journée sur une toute petite plage, après 35 kilomètres de coups de pagaies et deux portages. C’est plus difficile physiquement mais il y a de bons moments.
Nous avons croisé une ancienne église qui se trouve dans un lieu étrange qui semble loin des villages ou de ce qui aurait pu créer une communauté. Comme si quelqu’un y avait cru malgré tout. C’est la tradition pour les canoteurs de visiter ce lieu et d’y laisser leur trace. C’est fascinant et un peu mystérieux.
Je me sens vivante, enfin pleinement plongée dans l’aventure et enivrée par les grands espaces. Nous sommes sur un plus petit lac, entourée par la végétation, avec une plage boueuse, mais je ne peux m’empêcher de penser que c’est magnifique! Encore.
Au jour 3, nous terminons la journée à 15 heures. C’est déjà le temps de faire un peu de lavage. Le t-shirt se salit vite dans les portages! Le site de camping est bordé par des rochers et le lac est à perte de vue, avec plusieurs îles. Un groupe de huards plongeurs fait son apparition. Nous en comptons plus de vingt! Je pensais que ces oiseaux, en couple pour la vie, étaient plutôt solitaires.
Je ne pense pas avoir déjà pagayé sur d’aussi grands lacs. L’eau s’étend à perte de vue, les îles forment des labyrinthes uniques, les huards sont omniprésents et le tout forme un environnement particulier, magnifique, presque magique. La chimie du groupe se crée tranquillement. Nous sommes chanceux puisque tout le monde s’entraide, échange, blague et cherche à créer des liens. J’en suis très heureuse en me couchant ce soir-là, sur mon petit matelas de sol, dans l’abris de toile légère qui sera ma maison mobile pour encore 13 autres jours.